December 11, 2010

A Vacation for our Mouths Monotony: Botswana’s Plate / A table! Au Botswana

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Our distinctions of gentle tone and the secreting metallic palettes of grains flung against the tongues natural genius for flavor have sharpened on the long road. It is as if the tongue were a knife dragged behind the ox-cart over rough stone fields. I can proudly speak for long hours of the quality and breeding of hominy maize, likewise its technique of grinding and preparation, as if it were a fine cheese competing for insecure merits of maturity. In other words the old expression, “an ugali by another name smells just as sweet,” is a collection of words I shall never print upon a button and boast about political rallies supporting. So too can the simple preferences for sorghum, millet and yam lean towards political declarations in the abstract perspectives of my overactive considerations. But this is Africa, and what have we got to concern ourselves about if not for the honor of traditional plates. And who knew steamed dumplings could stir such a rage.

Below: Thopi

2010_08_15_4297 Botswana might have the most diverse ranges of commonly available staple dishes to accompany their “food” in all the countries thus far. Certainly maize porridge and white rice are found at every street vendors table of buffet arranged silver platters. But who in their right mind would order such mundane a starch with so many options on the menu? Why in Botswana, the favorite of most workers is by far the soft violet scoops of stewed samp and sugar beans. This is a particularly nice compliment to the spicy curried cabbage and kidney been salad or gravy rich beef. In homes the preferred variation of porridge is one made of pale sorghum left to sour in water before reheating and slathering with fermented milk, sugar and beetroot coleslaw with a bit of chicken on the side. Or for those of us who’ve forgotten the wild ingenuity of wheat where we’ve come from, the favorite is Botswana’s famous salty steamed dumpling, madombe, which acts as a perfect sponge for any soup.

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Every region has its own specialty. Once in Nata we had the opportunity to try thopi, a dough made of sorghum mashed into steamed butternut squash served with bitter greens or a peanut stew called dobi. Near the Okavango Delta villages float with the aroma of baked potatoes every evening around sundown. We never once saw potatoes for sale in the market. We soon learned that the boiled roots of the local lily pads which pervade the marshy region have a surprisingly potato-ish aroma, and are a definite favorite meal. We couchsurfed with a family in Gaborone who arose every morning long before the sun to bake thousands of small bread rolls for sale by street vendors who loiter the parking lots of shopping centers. To awake each morning to the smell of sweet breads is perhaps the most inspiring start to any day.

2010_08_25_4675 While staples might broaden their reaches, generally the Botswana cuisine remains essentially stewed and grilled meats, beetroot, cabbage, and canned chakalaka beans. Markets are void of local produce, seeing as little of anything is actually grown in Botswana other than kale, beetroot, and onions. In small street markets you might find sun-dried spinach or dried beans depending on the season. Other than clementines and oranges, few fruits are common either. Local eateries are often just tables without cover from the midday sun, and it is rare to find local food available outside of markets and bus ranks. In touristic regions, restaurants are but non-existent as lodges have replaced their functions. In towns, most people prefer their homogenous selections of South African chains (I feel like this observation has become my most cliché redundancy) such as Nandos, Debonairs and Chicken Licken. And never shall a sweet tooth be soured by the range of pastries and sweets to choose from in their supermarkets and cafés.

Among the common conversations the Batswana delighted in during our stay, one of the most heated was that which detailed the controversially strict laws current president Ian Khama has set on the enforcement of alcohol controls in the country. The high taxation of alcohol has mostly affected sectors of tourism and pushed drinking further away from legitimate establishments and further into the shady corners of bathtub brews. Bars must stop serving at 10 pm and between Saturdays at noon and Monday mornings, no alcohol can be sold in stores. But good ‘ol Chibuku is still surviving the drought and no braai ever runs dry. We spent one braai with a community of white Batswana who amazed us with the tradition of toasting cheese sandwiches over the flames while the giant snoek (northern pike fished off the coast of South Africa) slowly marinated amidst joyous discussions. To supplement the feast was homemade gherkins and pickled beetroots and salad. It wasn’t that we were sick of our pap and beans, but it sure felt nice to challenge our tongues with a bit of new flavor and people that love to eat.

Below: "Madombe"

2010_07_27_2880 MADOMBE

Le petit déjeuner botswanais n’a rien de très original. Les familles consomment en général du porridge de farine de millet légèrement fermenté, servi avec du lait et toujours beaucoup de sucre. La préparation qui tient à l’estomac prend une touche rosée et acidulée. Les plus chanceux inhalent avec joie et délectation les effluves nocturnes venant des maisonnettes où l’on cuit du pain et les beignets qui seront ensuite vendus sur les grandes artères de la ville. Le réveil ne peut être plus doux.

Chaque région du Botswana a sa propre spécialité culinaire. Le thopi, cette pâte servie dans la province de Nata, est un mélange de sorgho et de butternut, une variation intéressante et colorée au porridge. Cette dernière accompagne en général  du chou frisé (kales) braisé ou une sauce à l’arachide crémeuse appelée dobi. Tous les jours à l’heure du crépuscule flotte dans l’air du delta de l’Okavango une agréable et incomparable odeur de pomme de terre bouillie. Mais jamais vous ne verrez une patate douce sur le marché. Alors que les pousses de nénuphars sont consommées dans les environs du Cap, ici ce sont les racines de ces fleurs blanches présentes au bord du rivage que l’on apprécie.

2010_09_11_5800 Parce que les cultures locales sont modestes et que de nombreux produits sont importés d’Afrique du Sud voisine, les marchés du Botswana n’ont rien d’impressionnant. A part des betteraves, des oignons, des choux et des carottes sortis des jardins, les étals sont souvent vides. Selon les saisons, les vendeuses proposent des épinards séchés au soleil et des haricots secs. Au mois de juillet, les oranges et les clémentines vendues à l’arrière de pick-up et à chaque coin de rue donnent une touche de couleur au paysage. Il est donc bien difficile de comprendre pourquoi au Botswana plus qu’ailleurs la cuisine ne manque pas d’originalité.

Le pays abritant une population de moins de 2 millions d’habitants, les cuisiniers et vendeurs de rue trouvent difficilement une quantité de clients suffisante pour permettre à leur commerce de survivre. En d’autres termes le Botswana ce n’est pas le Kenya et les villages n’ont pas assez de consommateurs pour permettre à n’importe qui de s’improviser chef. A l’heure du déjeuner la rue principale de Gaborone fait office de cantine pour les travailleurs ayant opté pour un repas traditionnel. Les tables des cuisinières sont peu nombreuses, une dizaine au maximum, elles préparent en général toutes les mêmes recettes. Vers midi il y a foule, les clients alignés devant le stand choisissent ce qui leur plaît avant de récupérer une boîte en plastique fumante et une fourchette. Le choix ne manque pas : féculents, légumes, plats très souvent végétariens, le tout est servi avec une belle tranche de viande, une saucisse ou un morceau de poulet. Le lieu n’étant pas un restaurant, rien ne se consomme sur place, commence alors la course pour trouver un coin d’ombre ou un banc.

2010_07_31_3466 La cuisinière botswanaise propose indéniablement le plus grand nombre de plats pour accompagner la classique pâte de maïs consommée quotidiennement par une grande partie de la population. Le pap est le terme utilisé majoritairement dans la région et de fait dans le pays. Ce dernier est souvent avec le riz vendu sur chaque stand de rue. Le samp, une préparation à base de maïs entier et de haricots rouges remplace à merveille le pap devenu trop classique. A première vue pas toujours très attirant, le samp s’accorde à merveille avec une variété de crudités et de plats en sauce. Les salades sont assez nombreuses pour varier les plaisirs : les légumes au curry offrent une touche épicée alors que le chou coleslaw est servi avec de la sauce blanche ou de la mayonnaise. Deux grands classiques botswanais sont sur toutes les tables : la salade de betterave et la chakalaka, une ratatouille sud africaine très épicée.

Les viandes, du bœuf ou du mouton, très souvent grillées ou plus simplement préparées en ragoût, sont servies en grandes quantités. Pour accompagner le tout, le madombe, la spécialité et véritable délice national est un petit pain rond salé cuit à la vapeur, similaire à des dumpling tibétains. Ces derniers servis chaud ou froid font une éponge idéale pour n’importe quelle soupe.

2010_08_02_3754 En dehors des « grandes villes » ces cantines sont inexistantes. Au-delà des tables restaurants le seul moyen de se rassasier consiste à trouver la station de bus où se retrouvent des vendeurs ayant posé leurs plats sous un coin d’ombre. Dans les régions touristiques ces établissements informels sont quasi-inexistants. Les seules tables sont celles des lodges offrant tout ce qu’il faut mais sans grand raffinement à une clientèle plutôt aisée. La notion d’accueil est un concept compris au Botswana. Alors, les serveurs reçoivent presque toujours le client avec le sourire en lui accordant le minimum d’intérêt qu’il attend. Sentiment plaisant devenu rare après des mois passés sur les routes est-africaines.

Alternative devenue trop classique à cette nourriture équilibrée faite maison : le fast-food. Pour les pizzas il y a Debonairs et pour la volaille façon mozambicaine Nando’s. Quant au poulet frit, l’ami irremplaçable de l’Afrique, Chiken Licken a tout ce qu’il faut.  Le hot-dog préparé dans la rue sur un réchaud à gaz des plus modernes convient en général aux plus pressés. Pour satisfaire une envie de sucré à n’importe quelle heure de la journée, le gourmand déambule dans les rayons débordants de pâtisseries des supermarchés ou dans les cafés.

2010_08_08_4013 L’un des sujets qui fait actuellement couler beaucoup d’encre concerne la loi haïe visant à augmenter la taxation sur l’alcool et le contrôle des débits de boisson. Ici comme dans de trop nombreux pays est-africains l’alcoolisme est un véritable fléau et le président Ian Khama a décidé de faire du problème son cheval de bataille. Mais, l’augmentation des taxes sur l’alcool a surtout heurté l’industrie du tourisme et incité encore un peu plus les populations à fuir les tavernes pour produire leurs propres liqueurs. Les bars se doivent à présent de fermer à 22h. La vente d’alcool est strictement interdite dans les commerces du samedi midi au lundi. Mais, rien, rien ne sonnera le glas du bon vieux Chibuku qui coule toujours à flot dans les cours des maisons et les jours de fête. Le brai, version africaine du barbecue, est ici comme en Afrique du Sud un rituel dominical surtout pour les populations blanches. La communauté et les voisins se réunissent autour du feu pour admirer et échanger sur la cuisson de saucisses ou d’un magnifique brochet (snoek) mariné qui grésille. Accompagné de toasts aux légumes et au fromage cuits sur le feu, de cornichons et de betteraves marinées faites maisons, le brai est toujours un délice.

Avis aux palais, le Botswana ne manque pas de saveurs, il faut juste pouvoir toutes les déguster !

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October 20, 2010

The Delta far from its Blues / Le côté face du Delta

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Welcome to the Okavongo Delta. Sure, we have it all, but we ain’t gonna make it easy for you!

2010_09_09_6542 The delta is generally speaking split into two categories of tourists. The first comes for complete isolation, and whose pockets are lined with sweaty wads of money and zero accountability. They most often choose to stay in one of the lodges dropped deep into the labyrinth of its matted channels, expecting luxury, tranquility, personalized experience, and anonymity. As a rule, no permanent structural materials may be used to build these impressive Zen-like bungalows, and so must be rebuilt every seven or so years as their structures decay quickly making their logistics of prophet a more intricate science. Tourists might demand a particular meal to be flown in for their lunch, or a team of masseuse to be brought in for the day. We once heard of a client of high regard demanding a bushman village be constructed and bushmen be flown into the Delta to occupy it. It was done, and the moment he left, so did the village.

2010_09_09_6651 The second category of tourists are those who’ve come for your traditional animal safari experience. Many come comparing it to their safaris of the past, perhaps at Krueger, Massai Mara or Serengeti. But what they fail to realize, is the incalculable differences between those places and the Delta. Krueger might be thought of as the Disneyland of safaris. You always know you’ll see everything, you’ll see it well, and it will pose for you as long as you want before you zip down the paved flat roads which snake through it passing your celebrity animals at every turn. Here, in the delta, in this untouched and rustic, difficult and thrilling landscape, you can find it all, but it doesn’t want to be found. And that is why Moremi Game Reserve and Chobe might very well be the greatest African safari experiences around.

2010_09_10_6721 Either way, people come here for the wild spaces which inspire a time before men arrived. Deep in the untamed bushlands guides bring groups of enthusiasts and photographers to find their childhood dreams incarnated in the forms of the most sought after animal and bird life in the world. Moremi Game Reserve is full of not only game (various antelope and buffalo) but also wilder beasts, elephants, giraffe, zebra, leopards, cheetah, lions, crocodiles, jackals, wild dogs, hyena, eagles, ostrich, wild cats, hippopotami and gangs of baboons and monkeys. Supposedly there are rhinoceros in the park as well, though we spoke to a guide whose been in the park for the last twenty years, and has yet to find one or any of their tracks. Much of the park is inaccessible by land and so must be maneuvered by small boats and canoes through grassy swamp channels resembling the bayou of Louisiana. A local couple has become famous for their underwater footage of the Nile Crocodiles which live in small cavernous tunnels beneath heronries in the middle of the swamps. The Kwai reserve just above Moremi, sandwiched between the park and the Caprivi Strip, is land which was given to the Kwai people and is in the trust of their conservation efforts for the region and their traditional living. From here you can float gently down the river dodging swimming elephants and view the grazing game on the banks.

There could be the feeling that civilization has 2010_09_13_5283never found this land and that you yourself were the Livingstone crew pushing through each corner for the very first time, if it weren’t for the nearly constant hum of small planes overhead going to and from the various lodges hidden from sight. Or when coming across a leopard and its fresh kill in a sausage tree, finding a film crew which has spent the night under the tree documenting the event. This has been one of the gems of Africa with exclusivity and difficulty to access, until the last ten years or so as tourism has increased greatly in the region. The government still tries to focus on the quality of tourism to the region rather than the quantity, and is according to most accounts succeeding brilliantly in this respect. This of course keeps those price tags up as well. 

While Eugénie and I were visiting the region, we had one particular day when elephants seemed to be particularly on edge throughout the park. At one point late in the day we watched a male elephant bothering a matriarch from another family. When he turned away at last to leave, she turned to charge him to remind him not to return. In doing so she impaled his back side and both of her tusks shattered and flew shrapnel into the dusty air. Our guide got out of the vehicle once the dust had settled and showed us the ivory left behind and explained to us how the pieces of ivory lying there are considered by the government as evidence of poaching in all situations of possession, no matter the condition of the ivory. Therefore if someone were to be found with a piece of that tusk on them they would be sent to prison for poaching an elephant in Botswana. He explained that though some locals do keep souvenirs such as these, they are in constant threat that their employees will turn them into the government after arguing over salary increases, so it’s best not to take the chance.

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But the price one pays to spend their safaris in the Delta is as much to pay for the nostalgia of adventurer explorers as it is for the quality of the experience. While one could drive down the paved paths of Krueger and have animals come to them, they could instead track a leopard for hours through the thickest of African bush in existence and be the very first to have ever spotted that particular leopard. As far as safaris go, it’s not a bad one to try.

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L’Okavango a toujours su attirer diverses catégories de visiteurs en quête d’expériences variées. Rêveurs classiques ou excentriques, ces derniers ont un point commun : partir à la découverte d’une région reculée en suivant les flots tortueux d’un fleuve fantasmagorique. La première catégorie de visiteurs, la plus fortunée, vient ici en quête de solitude et d’expérience personnalisée. Les porte-monnaie bien remplis permettent à ces clients de voler d’un lodge paradisiaque perdu à un campement de brousse tout aussi élaboré en ayant avant tout à se préoccuper de leur confort. 2010_09_10_5514Dans ces cercles touristiques, les dollars coulent à flot et le nombre de zéro n’est jamais un problème. Les règles de construction étant strictes, aucun matériel lourd ne peut être utilisé dans le delta. Dénués de pierre ou de béton, les lodges ressemblent à des huttes ou des bungalows faits de bois et de paille.  Ambiance zen et tranquilité garantie. Sensibles à l’humidité qui touche la région dès le mois de novembre, les structures sont en général reconstruites toutes les quelques années. Les visiteurs peuvent réclamer une liqueur ou un fromage particulier qui sera alors aussitôt chargé dans le prochain avion. Chaque lodge dispose de sa piste d’atterrissage plus ou moins fréquentée en fonction des saisons. Un client de renom requit un jour la venue d’un village de Sans dans son lodge (rappelons pour mémoire que ces derniers, un peuple de Bushman sont les habitants du désert du Kalahari et non des marais humides du delta). Huttes, hommes et tambours furent transportés le temps du séjour du client avant de reprendre la route du désert une fois l’homme parti.

2010_09_12_5998 La seconde de catégorie de visiteurs comprend les individus plus communs venus ici en safari passer les vacances d’une vie. La quête animalière devient alors l’attente première. Certains ont déjà eu l’occasion de découvrir des parcs aussi renommés que le Kruger ou le Serengeti mais ici dans le delta, l’expérience est difficilement comparable. Selon les guides locaux, ces parcs trop fréquentés sont comparables à des « Disneyland des safaris ». Le client sait en général déjà à l’avance ce qu’il va voir et en quelle quantité. Tout comme les Massaïs, les animaux habitués aux visiteurs n’hésiteront même parfois pas à poser pour les photographes amateurs. Gros plan d’une lionne entourée de lionceaux assuré. Ici dans le delta c’est un peu différent, les animaux sont nombreux mais le territoire démesuré est largement inaccessible, même pour les guides les plus expérimentés. La logique du safari n’est pas la même, l’animal doit être traqué, il ne reste pas dans un coin de brousse connu des guides. Des parcs et réserves tels que Moremi et Chobe sont des espaces de nature dans lesquels il faut être prêt à se perdre et prendre le risque de ne pas nécessairement voir tout ce qu’un documentaire animalier offre dans un programme d’une trentaine de minutes.

2010_09_10_6746 Quelque soit ses attentes, le visiteur vient ici pour découvrir des paysages intouchés qui lui permettent de voyager dans le temps et de remonter à l’époque où l’homme n’existait pas. Des guides passionnés transportent des touristes embarqués dans des camions pour réaliser un rêve d’enfant et prendre les clichés dont n’importe quel photographe rêverait. La réserve de Moremi déborde de ce que l’on appelle « game » dans le jargon du safari, c’est-à-dire des animaux sauvages. Buffles, éléphants, girafes, zèbres, léopards, guépards, pour ne citer que les plus convoités car la liste est encore longue. Le bush abriterait encore quelques rhinocéros mais plusieurs guides n’en ont pas aperçu une trace dans les vingt dernières années. La plupart des routes du parc sont inaccessibles par véhicule, seuls les avions et les petits bateaux permettent d’accéder aux espaces reculés au-delà des canaux sans fin bordés de bambous. Un couple de résident a bâti sa réputation internationale en réalisant des documentaires sur ces immenses crocodiles du Nil vivant dans les sinuosités des marais. La réserve Kwai attire bon nombre de visiteurs. Située sous la bande de Caprivi namibienne, le territoire a été donné au peuple Kwai dans un effort de conservation de leur culture et des modes de vie traditionnels. Sur la rivière éponyme circulent de petits bateaux à la recherche de ces fameux éléphants nageurs nageant trompe en l’air entre rives et îlots verdoyants.

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Les sentiments du visiteur peuvent varier, certains diront que le delta ressemble à un espace de pureté situé au-delà de toute civilisation. L’esprit peut facilement vagabonder et ressentir ce qu’ont pu vivre les premiers explorateurs venus s’aventurer dans la région. Les moteurs des bateaux de passage et la présence de lodges posés au bord du rivage permettent de remettre rapidement le pied sur terre. Même si le lieu a su rester vierge, les Livingstone des temps modernes sont à présent nombreux. Des guides connectés les uns aux autres par un système de radio échangent continuellement leurs découvertes. 2010_09_09_6530Ainsi l’équipe de film présente à l’occasion d’une scène de chasse se retrouve rapidement encerclée de touristes et d’appareils photos attirés par la nouvelle. Alors que la plupart des visiteurs se délectent de scènes animalières paisibles, les plus chanceux ont droit à quelques moments inattendus.  Les éléphants sont souvent à l’origine de scènes inédites, en faisant une entrée surprenante dans un campement à l’heure du déjeuner ou en s’affrontant violemment défenses en avant, les reliques de ces combats demeurent et les éclats de défenses rappellent les aléas de la vie sauvage. Ramasser un morceau d’ivoire serait prendre un risque considérable, le gouvernement assimilant depuis toujours possession d’ivoire avec braconnage. Un guide explique que même si les habitants de la région conservent les belles pièces, il est bien trop risqué de faire de même, personne n’étant à l’abri d’une plainte d’un salarié ou d’un voisin mécontent pouvant conduire un innocent en prison pour de très longues années.

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Le delta qui était encore il y a une décennie une perle bien gardée du continent est aujourd’hui largement fréquenté, les temps ont changé dans le pays où le tourisme s’est grandement développé. Le gouvernement qui a dû faire des choix entre tourisme et conservation a toujours opté pour la qualité plus que pour la quantité. Cette politique demeure encore aujourd’hui un succès. Les prix bien plus élevés que dans d’autres pays africains où la quantité de visiteurs importe plus que la qualité des safaris ont aidé à maintenir ce niveau d’excellence. Alors que la plupart des visiteurs quittent l’Afrique ravis de leur safari, certains réalisent que la « vraie » savane n’est pas aussi abondante que celle des reportages. La quête d’un guépard peut être rapide dans un autre parc mais dans le Delta il faut savoir prendre son temps et toujours garder à l’esprit que c’est l’animal qui décide bien plus que l’homme.

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October 18, 2010

And Jamaicans say “Relahx Maun!” / Qui de l’œuf ou de l’omelette ?

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Those Batswana who tell of Maun, the “most beautiful village in Botswana,” are not really speaking of the town itself, but rather insinuating the delta which lies at its arms reach. It is true that Maun is sandwiched between the most incredulous landscapes the country has to offer at every corner: the Kalahari teaming with San to the south-west, the mystical salt pans stewing thousands of tropical bird species to the south-east, the strange and ominously fingered Okavango Delta and Moremi Game Reserve to the north, and just slightly to the north-east is the infamous safari center of Chobe. But the center of Maun is far from a place of spectacular poetry. A minuscule center complete with most probably ten gigantic supermarkets, four malls, and a proper zillion of cheesy curio stands separated by long wide roads and directive signs pointed to the plentiful lodges hidden from unsightly view. It is a town of long boring walks if you have no vehicle as companion. So too is it hyper touristic, but not with the aggressive air of somewhere like Arusha in Tanzania. 2010_08_17_4400 Rather, it is quiet and unalarmed by the presence of outsiders. Even many of the locals have moved here from elsewhere, notably Europe and South Africa. Though work permits sometimes take years to be granted to such outsiders, those who don’t mind “losing their passports” every three months when they visit over the border, will have little trouble finding a great job in this paradise. Locals that work in one of the various lodges far from civilization, only accessible by radio contact and untimely boats, will often stay alone for months on end before being allowed home for just a weekend to Maun to see their partners and re-socialize to human contact. The airport of Maun is officially the busiest airport in southern Africa whose peak hours see planes landing and departing once a minute. Most of these flights are small charter planes bringing wine, food and clientele to and from the hermetic island lodges about the delta. But with so many flights, as one might expect, the town too boasts plenty of bright-eyed and pimple-faced young pilots to give night life in Maun its fair share of scandals. Maybe too giving its tourists their fair share of Herpes.

2010_08_17_4380 Excreting from the airport towards town are various miniature centers offering western-styled café and bistros, massage and aromatherapy, organic health shops, and fashion boutiques. One of these, slightly east of town has a shocking half-castle-half-prison styled architecture which was recently built and seemed to be the talk about town. “Have you seen that thing?” One shop within its complex walls sells various baobab oil beauty products and a complete vitamin and nutrient range imported from South Africa’s heralded bourgeois. But there are all but no true restaurants in the whole of Maun as the lodges have replaced their need and filled the ever eager palettes of the locals, particularly the expatriates, with a surprising range of cuisines and prices to choose from in the quiet ambiance of tree-lined river-side tables. And there is never a shortage of beer! One of the famous backpacker lodges in town is a favorite getaway for the two young princes of England where the proprietors have kept paparazzi a far distance from the juicy shots of them relaxing with some Swazi-cigarettes and their general boyish antics. Maun is a conglomeration of über-rich tourists and hunters mixing with old hippies, young ragged backpackers, and locals. Oh yes, and let’s not forget the pilots!

2010_09_03_5010 We were fortunate to have visited Maun during one of their famous new-pilot-hazing-rituals. Most hazing to the new pilots whom are generally contracted for two year stays, involve some abusive quantity of alcohol meant to instigate embarrassing evenings which each pilot is to carry with them like a badge-of-honor during their two year stint. One such hazing which we were graced with in a late evening bar went like this: three pilots were told to stand on chairs overlooking the audience, chew and swallow raw eggs whole, shell and all (supposedly to “line their throats to make the poison go down quicker”) and finally swallow a pint-glass filled with eleven types of clear liquors straight to their livers. The name of this ritual is “The Omelette” and is the last of the ceremonies a pilot must endure. The elder pilots whispered to the newbies, “go to the toilets and toss it up if you want to make it through the rest of the evening!” Then they continued to drink. We watched this display in great amusement as the president of Botswana has been so outwardly litigious as well as vocal on his opinions of drinking in the country as of late. His honorary Ian Khama, whose father was the first president of Botswana as well as an abusive alcoholic, has tried to rid the country from what he sees as the sore which continues to hurt Botswana: drinking. In Maun his efforts have brought great criticism since the community thrives on its tourism, and Khama has made no exceptions for his strict drinking laws with regards to touristic industries which have the most to lose from bars closing at 22:00 and enormous bottling taxes. As one owner of a safari told us, “the laws apply to lodges as well, and it isn’t like the clients are going to be driving home afterwards!”

2010_09_04_5079 Other common passerby’s in the region include animal and environmental researchers who come just long enough to finish their thesis’, then leave without a trace but for the gaping hole in their accumulated knowledge which would be most helpful to those who live in the region working for environmental issues. The rains in Angola had been many this year, flowing down and flooding the Okavango Delta to record heights. The floods had covered plantations, homes, and changed the migration patterns of numerous animals and birds. Locals have taken advantage of this year’s waters, heading north from town center on the weekends to barbeque, fish, swim, drink beer and enjoy the tranquility of the river at a time which in years past would have been only accessible by the local mokoro (carved-out tree canoe) guides. Spending their gorgeous Sundays sunbathing amidst purple water-lilies and termite mounds. Smoking and drinking local brandy. Swimming in the pure currents until a local boy rushes to the river side yelling “croc” in Setswana, only to laugh and run away when the bodies dive back into their boats huddling together in fear. Every now and again a river patrol boat passing by or a boat filled with brightly life-jacketed tourists and their guide. It is best to get back to Maun before sun falls, and if you run out of gas, allow the currents to slowly float you back to center with the silence of undiscovered country at your side.

But with the increase in traffic on the river, so have the number of cases involving hippos being hit by boat propellers. This has made at least one angry hippo which is known now to chase boats for kilometers seeking vengeance. Some locals live up the river far from any road. They take boats into Maun everyday for work, and return with supplies in the evening. Every plot marked by its own pump jetting from the water’s edge to large green-plastic basins 10 meters inland. Telephone poles and wires half drowned and drooping into the water are a common cause for outages. The river is jubilant with the sounds of raptors and songbirds, morphing as night arrives to the whoops of hippos and whollops of frogs. The low wooden fences which once encircled small maize plantations at the water’s edge are now below the surface of the dark currents. These fences trap grazing cows crossing the river, making them easy prey for the greedy crocodiles at every turn. We watched an African Wildcat leaping from one grassy knoll to the next trying to cross where it used to walk with ease. The confusion of the season seems to have reaped havoc to those without boats.

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While in Maun we heard many stories of the ways people ended up there. It seems for some it is one of those magical sites easy to get stuck in. One story of a local who was originally from Germany that tried bicycling from Cairo to Cape Town in the early 1980’s, and has never made it further south than Maun! Such stories are commonalities in mythical Zanzibar, but Maun takes a bit more convincing to understand. Its more like a town that the longer you stay, the less you want to leave. Simple bit homely. Stories of South Africans who came on vacation and felt the vast exhale of serenity escaping the tense violence of South African cities. Or the dozens of Europeans and Americans who’ve come on safari, married their guides, and stayed to make a new life. Or couples looking to get away from their mundane existences, so came to Maun where lodges prefer heterosexual couples to manage them. The theory being that couples keep each other sane, as well as split the responsibilities of lodge management along commonly assumed gender lines: men handle the game drives and upkeep of the lodges, while the females manage staff, food and guests needs. But whatever the reasons, Maun seems to inspire a renewed ecstasy in those who’ve bathed in its healing waters, and lived to tell the crocodiles the tale.

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Les Botswanais ayant doté Maun du titre de “plus beau village” du pays, parlent en général de la région qui entoure la localité plus que de cette dernière. Prise entre les bras de l’interminable delta de l’Okavango et des étendues désertiques du Kalahari, elle est encerclée par les paysages les plus invraisemblables de la contrée toute entière. Alors que les oiseaux affluent par milliers vers les lacs de l’est, le nord du pays offre une grande variété d’édens naturels, de la célèbre réserve Moremi au paradis pour safaris de Chobe.

Espace urbain au cœur d’une nature sans fin, Maun peut parfois sembler manquer de poésie. Le centre-ville est un concentré de mégalopole miniature, une demi-douzaine de supermarchés côtoie les grands centres commerciaux parsemés de fast-food. Les marchands de touristeries sont aussi nombreux que les vendeuses de légumes installées sur les parkings des grandes enseignes. Ces différentes constructions sont ralliées par des rues souvent encombrées par de gros camions venus ravitailler la région méridionale en demande constante de produits de consommation. Les routes sont bordées de signes indiquant la direction d’hôtels luxueux installés loin des regards. La localité n’est pas vraiment adaptée pour les marcheurs et un véhicule devient rapidement le meilleur compagnon du visiteur de passage.2010_08_17_4375 Maun est un centre touristique d’une ampleur rarement égalée, les enseignes des compagnies de safaris côtoient les placards des compagnies d’aviation faisant la promotion de vols scéniques. Des milliers de touristes et la grande quantité de dollars qui va en général avec affluent chaque année dans la région. Aussi fréquentée soit-elle, la ville a su rester calme et bien plus tolérable qu’une consœur telle qu’Arusha plantée au pied du Kilimandjaro. Ici, le flot d’étrangers ne perturbe en rien la routine quotidienne. Les vendeurs à la sauvette les bras toujours chargés de babioles ont compris que courir après le touriste n’était pas la meilleure solution. Les étrangers sont nombreux et pas seulement les touristes venus en vacances. Maun a attiré de nombreux Sud-africains et Européens venus poser leurs valises au bord du delta. Les permis de travail étant délivrés au compte-goutte par les autorités, ces étrangers ont souvent coutume «d’égarer leur passeport » tous les trois mois pour bénéficier d’un nouveau visa touristique à chaque passage de frontière. Vivre à Maun n’est pas toujours évident. Très nombreux sont les emplois à éloigner les travailleurs dans les lodges uniquement accessibles par avion ou petit navire. Ces derniers passent en général plusieurs mois dans le bush avant de rentrer à Maun le temps d’un week-end pour une visite à la famille et quelques instants de socialisation. L’aéroport local est le plus actif de l’Afrique australe toute entière, ainsi en saison touristique un engin frôle le tarmac chaque minute. La plupart des petits avions chargés de provisions, de fromages ou de vins fins, transportent marchandises et clients vers les hôtels perchés sur des îlots au cœur du delta. L’intensité de ce trafic aérien a fait de Maun un véritable eldorado pour pilotes. Venus des quatre coins du monde de jeunes diplômés aux yeux clairs et aux visages de poupons donnent une touche de jeunesse et d’excentricité à la petite ville. Les soirées terminent souvent en nuits délirantes arrosées de bière et de luxure. Le réveil est alors douloureux.

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L’aéroport se trouve au cœur d’un petit centre composé de boutiques de mode, de salons de beauté et de cafés-bistrots dont le plus fréquenté porte le doux nom de « Bon Arrivée ». Depuis quelques semaines toute l’attention se concentre sur ce château mi-princier mi-prison récemment sorti du bush, la dernière création architecturale tendance faite de métal et parsemée de donjon. « Vous l’avez vu ?! » est une question récurrente. Le lieu abrite notamment un magasin de produits naturels importés d’Afrique du Sud, on entend beaucoup parler de cette essence de baobab et de produits hors de prix qui font piailler les ménagères fortunées. Etonnamment les restaurants sont rares, les hôtels faisant office de complexes multifonctions pour visiteurs et locaux. Les locaux y fréquentent la piscine, les bars et les tables installées au bord de l’eau. La cuisine n’y est souvent pas très raffinée et le hamburger reste le roi. Les soirées sushi attirent tous les expatriés en quête d’exotisme et de variété le temps d’une soirée. La bière et le vin coulent toujours à flot. L’une des auberges de la ville est réputée pour être devenue le lieu de retraite de prédilection des deux jeunes princes d’Angleterre ayant fait de Maun leur quartier général entre deux visites à caractère humanitaire. Le propriétaire doté d’une réputation de chasseur de paparazzi n’hésite pas à précipiter les intrus un peu trop curieux dans le fleuve. Les habitants habitués à ces va-et-vient princiers ne réagissent même plus à la présence d’un monarque en devenir, ces derniers faisant presque parti du paysage. Maun est un conglomérat de riches touristes, de vieux hippies et de jeunes badauds mal coiffés. Les chasseurs venus dépenser des milliers de dollars pour un permis de tuer un éléphant ou un buffle sont toujours dans les environs. Ce mélange donne inévitablement un côté très «blanc» à Maun, les Botswanais normaux n’ayant ni le besoin ni les moyens de se joindre à cette population hors du commun.

2010_08_18_4544 Les soirs de baptême d’un nouveau pilote répandent une vague d’excitation sur la ville. Ces derniers sortent souvent d’une école d’aviation et décrochent ici leur premier contrat pour une durée de deux ans avant de partir vers de nouveaux horizons. Même ce détail n’est pas mentionné dans le contrat, pour survivre il faut savoir boire. Les soirs de bizutage sont l’occasion de démonstration de folie où l’alcool coule à flot. L’évènement porte le nom d’omelette et implique l’utilisation particulière d’un œuf. Le ou les pilotes, les vedettes de la soirée, sont conviés à monter sur de hauts tabourets pour garantir une vue optimale à la foule déjà bien abreuvée. Le principe est simple : l’œuf tout entier, coquille comprise, doit être avalé, le tout suivi d’un cocktail de onze alcools blancs. Selon le mythe, l’œuf permettant « d’aligner la gorge pour laisser le poison couler ». Alors que les plus coriaces engouffrent l’œuf avant de faire disparaître le contenu du verre, les autres peinent à supporter le craquement de la coquille sous la dent. Les anciens suggèrent alors aux victimes de ne pas hésiter à régurgiter le liquide sous peine de souffrir d’un terrible trou noir dans la vingtaine de minutes qui suit. La soirée ne fait alors que commencer. Placée dans un contexte plus global, cette scène prend une toute autre dimension. Le président Ian Khama dont le père, premier président du pays, était réputé pour sa passion pour la bouteille a lancé une récente guerre contre un fléau qui ronge lentement mais surement la société botswanaise : l’alcoolisme. Ces considérations politiques ne font évidemment pas l’unanimité dans une ville dont l’industrie touristique semble difficilement pouvoir s’ajuster à une réduction drastique de sa consommation d’alcool. Les taxes ont grimpé et les bars se doivent de fermer à présent à 22h. Cela ne reste évidemment qu’une théorie, les arrières cours restant souvent bondées jusqu’au milieu de la nuit. « Les clients des hôtels n’ont pourtant pas à conduire pour rentrer à la maison ! » explique un guide agacé.

Un autre groupe de résidents de passage dans la région pour quelques mois est composé d’étudiants et de chercheurs. Venus parcourir la brousse en quête de buffles ou d’oiseaux rares, ces derniers peaufinent leur thèse avant de disparaître à nouveau vers de prestigieuses universités. Comprendre ce qui a mené tant d’âmes à changer de vie pour rester à Maun prend souvent des airs de romance. Les histoires se ressemblent et Maun prend des airs de Zanzibar ou de Tombouctou, un nom mythique qui fascine et piège les visiteurs de passage. Ici tout le monde connait l’histoire de ce cycliste allemand en route du Caire au Cap dans les années 80. L’homme qui n’a jamais passé le cap du delta a posé son sac à dos ici. Maun semble pourtant perdre son charme au fur et à mesure que les années passent, une ville dont l’intérêt fane avec le temps. Nombreux sont les Sud-africains à avoir ici trouvé un espace de sérénité loin de leur pays tourmenté où la vie quotidienne est parfois difficile. Les couples accourent nombreux répondant à cette attirante offre d’emploi : « recherche couple pour gérer un hôtel au cœur de la savane ». La théorie étant qu’un couple plus que quiconque doit pouvoir gérer une demeure à merveille est être capable de reproduire un schéma familial idéal tout en se soutenant dans les moments de difficultés. La femme est ainsi responsable de la gestion du lodge, des repas et de l’accueil des clients alors que l’homme revêt l’uniforme du parfait guide. Quand elle ne tourne pas au cauchemar, l’expérience se révèle souvent être une désillusion. Dernière catégorie de nouveaux arrivants, de jeunes touristes venues entre amies ou en famille en safari restées pour épouser un guide séduisant au visage bronzé et barbu. Une nouvelle vie commence alors pour ces beautés italiennes ou canadiennes prises au piège en Afrique.

2010_09_05_5213 Les pluies en Angola ont cette année été tellement intenses que les bras transfrontaliers de l’Okavango sont gorgés d’eau. Tout le monde parle du niveau record de l’eau. Les eaux ont recouverts les plantations, les jardins et certaines maisons, tout en perturbant grandement les migrations des oiseaux et des mammifères. Ces flots ont aussi fait le bonheur des locaux passant leurs week-ends à vadrouiller sur les flots. Sur de petits bateaux, des groupes d’amis s’engouffrent et se retrouvent pour un après-midi détente avec au programme pêche, tranquillité, barbecue et bières bien fraîches. Ils filent de canaux en canaux souvent jusqu'alors accessibles en mokoro, ces barques sculptées dans un tronc d’arbre permettant d’accéder aux coins les plus reculés du delta. Amarrés sur une berge déserte et parsemée de hautes termitières, certains prennent le soleil entre les fleurs de nénuphars, verre de brandy ou bouteille de bière à la main. Nager dans le delta n’est peut-être pas dangereux mais pas vraiment recommandé non plus, tout dépend de son point de vue. De temps à autre des enfants jouant sur la berge opposée hurlent « croc, croc ! » en setswana avant de ricaner. Les crocodiles existent, certes, mais les enfants aiment surtout s’amuser à effrayer les nageurs qui remontent en trombe sur le navire. Par mesure de précaution, mieux vaut prendre en compte leurs commentaires. De temps à autre une patrouille de police armée de gilets de sauvetage passe sur le fleuve saluant de la main les baigneurs. Des embarcations chargées de touristes en promenade passent aussi régulièrement. Au crépuscule il est temps de faire demi-tour, la nuit étant trop profonde pour circuler. En cas de panne de fioul il est toujours possible de laisser le vaisseau dériver lentement au fil du courant, brisant ainsi les flots calmes.

L’augmentation du trafic maritime semble avoir provoqué certains problèmes de cohabitation entre l’homme et la nature qui l’entoure. Nombreux à blesser les hippopotames des alentours, les navires se sont fait des ennemis. Tout le monde a entendu parler de cet animal en quête de vengeance ayant développé une véritable haine contre la nature humaine et retourné les vedettes des plaisanciers de passage. Certains habitants vivent de l’autre côté de la rivière, sur la rive restée quasi inaccessible. Pour se rendre au bureau ou au marché, le bateau fait office de navette. Un espace habité est reconnaissable à sa pompe à eau sortant de l’eau comme un œil de sous-marin. Les poteaux portant les fils électriques engloutis par les flots en cas de mauvais temps sont à l’origine de régulières coupures de courant.

Cette barrière en bois qui marquait encore l’année passée les limites d’un champ de maïs a été engloutie, elle sert aujourd’hui de frontière virtuelle entre la berge et les courants sombres. Ces grillages sont devenus de véritables pièges pour le bétail nageant d’une rive à l’autre en quête d’herbe plus verte, laissant ces derniers pris au piège et en proie aux crocodiles. Quand le crépuscule apparaît à l’horizon, les cris des corbeaux et les mélodies gracieuses des oiseaux de paradis laissent la place à un concerto mêlant croassements et cris d’hippopotames.

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Return to the Source: towards the Okavango / Retour à la source, en route vers l’Okavango

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What comforting organization the bus rank of Gaborone brings in the early morning hours. Like elsewhere in this country where order and strictness reigns even in illumination of its traditions, passengers and buses form tightly knit unassisted single column lines behind those who arrived before them. Relaxed and respectful; no one cutting or disturbing his or her neighbor. This is the pumping vessel of Gaborone’s livelihood, filling the offices, stores, schools, hospitals and ministries with warm blooded bodies. It is in the vaguest of twilight when that blood begins to form. And on those rousing Friday evenings, that blood boils. To view this crowd from an aerial would be like seeing the livestock of a Botswana cattle-post, though dressed as the richest and most pride filled this well off country has to offer. And from this post leads not to slaughter, but northward in the direction of Zimbabwe, or to the vast wilderness of the touristic north of the country. There are those here who are on their way to the dessert to brand their cows. Others who visit their families in the villages. Some who sell products in Zimbabwe, or Zimbabweans who are bringing money home to their families. Others are planning a hunting trip with their friends. Then there’s us, who have no particular destinations or rationale; only a desire to see another side of Botswana. And, please, once through the Kalahari was plenty thank you!

2010_08_06_3917 The roads of Botswana are without fault whatsoever, though one might expect so much from a country with as few roads as it has. Botswana is roughly a series of roads leading from various points of its borders towards a central circle which wraps between the giant dessert, up towards Francistown in the north, over towards the delta to the west, then through bushman-land and back again. The circle has no connections within it, excepting a thin dirt road leading to the sole lodge the Kalahari boasts. And at the moment of writing this, most roads were still warm from the hands of the Chinese workers who laid them all.

We set out north passing the handful of signs with names of villages absent from our map. No one stops for them anyhow. It is a quick ride to our first stop, Mahalapye. Every so often along the road a man would be waiting in the middle of nowhere next to an empty wheelbarrow. These men were waiting for the large beer distribution trucks to stop and sell a handful of cases which the men would then push back to small villages and sell. When arriving we were impressed immediately by the size of Mahalpye Village. It is by all western standards a decent sized town despite its legal delineation, and its center had an almost New England quality to its organization. A flat village with a dry riverbed encircling its center like a crescent moon.

Mahalapye was once a famous Herero settlement following their great exodus from Namibia, and today nearly half the town is of Herero descent. Upon adjusting my eyes to the severe late morning light, the minibus station came into clarity. And just beyond it the small local supermarkets, followed by shops adorned with Chinese names spelled in Roman characters and various smaller KFC rip-offs.

2010_08_14_4214 Saturday mornings the shady corners of the thin streets fill in with local vendors selling fruits and vegetables fresh from their gardens. The talk of the town was how the late frost had ruined the flavor the whole seasons clementines. The year has been plentiful for beetroots, cabbage, bitter greens and chard. At the edge of the sellers lay the tables where women knit hats and men repair shoes. Beyond them the now deserted train station which once brought the Eden of Zimbabwe's riches towards the capital. It is now covered in plush vinery scratching its paint to dust upon the red earth. The Batswana, as has become the trend throughout Africa, prefer the rapidity of buses to the sure trajectories of train transport. So too have their needs specialized and narrowed to include nearly only South African goods.

Mahalapye has always been a population of great diversity settled together as a result of histories difficult fates. The Herero came to escape the genocides of the German occupiers at the turn of the twentieth century. The Zimbabweans came to escape the terror of the Zanu PF party in the early part of the twenty –first century. Whereas the Hereros have become a recognized group of Batswana identity over the many years and after gaining independence, the Zimbabweans are being targeted throughout Southern Africa by rising xenophobic tensions and fear that they will drain the region of jobs and social security. Botswana has so far been far more understanding and welcoming to the Zimbabweans, though there has been a definite and recent shift in language regarding the matter, as the mass numbers of refugees and illegal Zimbabweans have left many without work or food. There has been a seeming increase in theft and violence enacted by Zimbabwean communities and the seeds of xenophobia have begun to take root in the shocked and otherwise peaceful society.

In Herero Way, the ladies of the homes have not lost in the least their prideful traditions and styles identifying them at once with the great cultures of northern Namibia. Giant poofed out dresses likened to Victorian ballroom gowns, topped by stiff bicorn hats which give them the silhouetted profile of immense hammerhead sharks walking about the neighborhood. The white Batswana on the other hand stay relatively discreet and rarely interact with the rest of the village. This is not out of disrespect but rather the fear that all white carry following the land reforms in Zimbabwe that the more there presence is talked about, the more to talk about there will be.

2010_08_06_3938 All the towns rivers are parched in this the season before the rains have come. Only small pools remain, mostly mud filled, which bare the imprints of hooves and talons where the local wildlife has come to replenish themselves. The flat long tunnels left from banks of years past become super highways for the dozens of donkey carts which carry people and supplies to the various otherwise inaccessible points along the river. Each one banging along over the slippery rocks and young termite mounds along the way, tossing women and basins about like hats at a new years party. The river echoes with the music of shebeens (unofficial bars) where farm workers mingle during their breaks. Passing each door in the early afternoons are the blue and green uniforms of school children brisking hurriedly out from the slumber of their classes, anxious to return home. Mahalapye is not a place of wild interest but of good clean living and honest people.

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Francistown is the only other city in Botswana outside its capital, and is connected to the latter via a long straight paved road via Mahalapye. The old road between the two is a thin one lane road which was half paved in places, and dirt for the rest. It runs parallel to the new one and is today reserved for the donkey and horse chariots which make the long distance each day bringing village wood into the city and returning with food, cloth and beer. For some reason Francistown has been given the charming nickname « the ghetto », though it resembles more a pleasant sprawling suburb of California with a handful of giant malls in its center. 2010_08_10_4051 Small parks spread the lawns of administrative buildings teeming with makeshift ponds, benches and wooden risen walkways. Life is congruent with the national workday, filling the center with bodies at seven AM from the residential neighborhoods, swaying calmly but consistently throughout the day, and deserting before five PM every night. When empty, still lingers the vague perfumes of professional women on the small scants of weaving which came undone and lay about the taxi rank still from the exodus. Where they once stood now sits the ladies who sell traditional foods to workers during the day as they prepare their belongings for their taxi rides home.

Spaces in the north of Botswana are viewed as functionally as all else in the country. Each space a meaning, a purpose, a time. You will never for instance see Batswana visit a cemetery unless for the function of a burial. This is a rather particular example seeing as the Batswana are notably conservative on issues of death and spirits, but when viewed through the lens of organization, gives new meaning to other spaces as well. During the day, all the other neighborhoods of Francistown are as abandoned as its cemeteries. They are places you go to when work is done, and no work, no shops or businesses or hair dressers should exist in that neighborhood. Schools are there so that children can play near the home awaiting their parents arrival. Each quarters of the city has its particular function, be it administrative, commercial, industrial, import, entertainment, etc. The only exception to this rule is the taxi rank which has squeezed itself into the space between the train tracks and the commercial center of one of Francistowns largest arcades. But from the time one leaves their office and walks there, they have achieved all that they plan to achieve for the day, as once they arrive home, there is no leaving again.

2010_08_11_4136 On our way west from Francistown we had the chance to visit the giant expansions going. Not only is the airport of Francistown now challenging the size of major international airports of Europe, but the same Chinese company which built it also constructed a mega sports arena directly adjacent. But they are the absolute margins of this expansion seeing that just following them is bushland without life or end. More than one vehicle stopped for us along this road. We excitedly rushed to their sides thinking we had found our ride to continue the journey. At the windows each driver warned us “not to walk this far in the bush for lions and Zimbabweans could find us easy prey,” then sped away leaving us settling like their heavy dust upon the bush.

We came upon the fork, the split in the road where the famed salt pans rest. Nata is the village which was settled by bushman at this impasse when they had been brought here to mind others cattle posts fifty years prior. Today Nata is a traditional village which stands apart from the rest of the country for its plush palms and soft sandy streets resembling the north of Mozambique in all but its gentle character and kindly welcome.

Here there are no coconuts falling in bushels from the trees, but rather round softball-sized monkey oranges which the children knock from their high perches with patience and stones. Once they fall, their hard brown shells cracked, it is only then that the children can see whether their nut contained any of its sour flesh. More often than not, the shells will be empty. Walking in the village on Sunday you will likely find various well cared for homesteads with often three or four huts in each surrounding a large tree for shade, and a khosa corner for matters of urgency to be discussed. If you are lucky, one of these homesteads will be that of those youth sporting their Haile Selasie t-shirts, blasting Bob Marley from their cell phones, and blessing the community with the incense of God’s green garden. They aren’t really Rastas, so bring all the beer and meat you please, but they sure are kind to strangers.

2010_08_15_4329 Nata has no supermarkets, no arcade, no bus rank. The most modern presence in the village is at the gas station where each tourist bus fills before crossing to Kasane. There are various fast food chains and coffee shops around its parking. Or if you prefer one of the local Khosa (chiefs) runs a traditional restaurant of great renowned. Along the roadside are various pickup trucks parked selling fruits and vegetable from their backs. Other trucks pass the road every hour or so transporting cattle from post to post. Large jeeps carrying tourists to the salt pans where bird lovers drool over the 1800 species of feather backed feeders. Locals visit the pans to drink beer, picnic and camp over holiday weekends. Everything is still on the pans, like a deadened sea covered with flamingos and surrounded by the smoke escaping the salt refineries to the south.

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Once leaving Nata to continue in either forked directions all vehicles and pedestrians must stop to wash their feet in small basins of chemicals meant to prevent hoof and mouth diseases from spreading between the wild game and cattle. It is dry this season and the brush fires have leaped from one side of the highway to the other chasing small antelope and wild cats from the safety of the bush. The land becomes burnt black and the air thick with ash. But from the dehydration comes the delta in the distance. This year the floods have covered the region astronomically and the grey yellow of Nata gets soft and green as you approach its smacking lips. The crows and vultures and all things of drab palette migrate from this land of the living, leaving the small bright tropical peepers to flit fearlessly about the sky, welcoming you to the land north of north, beyond the veins eternal : the Okavongo Delta.

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La station de bus de Gaborone est très organisée. Ici comme partout ailleurs dans un pays où l’ordre règne, les minibus et les passagers attendent les uns derrière les autres. Calmes et respectueux, personne ne tenterait de passer devant le voisin. Le lieu qui prend vie en fonction des horaires de bureau est particulièrement fréquenté au lever du soleil puis au crépuscule. Il en est de même le vendredi soir, au début du week-end. Le bétail faisant la richesse et la fierté d’une famille botswanaise, tout citadin se doit de passer ses jours de congé autour de la ferme familiale où pâturent les vaches et chèvres, le lieu porte le nom de cattle-post. Ces grands domaines bordent le bitume qui s’avance en direction du nord, vers le Zimbabwe et le Delta de l’Okavango. Les routes du pays ont la particularité d’être irréprochables, tous les axes majeurs sont goudronnés et bien entretenus. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser un signe « travaux de maintenance » sur un tronçon pourtant flambant neuf. Aussi parfait l’ouvrage soit-il, l’axe qui longe le désert du Kalahari est terriblement monotone. Plat, droit et pris en étau entre deux espaces de savane infinie, seul le chauffeur habitué à ces longs trajets ne semble plus lutter contre la fatigue. Au-delà des quelques noms de villages indiqués sur des panneaux de signalisation, il n’y a rien. Les voyageurs postés à des arrêts de bus fantomatiques patientent parfois de longues heures la venue d’un bus. Et puis il y a ceux poussant leurs brouettes rouillées venus attendre le camion de bière de passage pour ravitailler les contrées lointaines.

2010_08_05_4601 Selon des critères européens, Mahalapye pourrait être qualifiée de ville. Mais, pour le gouvernement local, cette dernière qui ne répond pas aux critères est un village. La petite localité plate et poussiéreuse située au nord de la capitale est arrosée de soleil. Au-delà de la route nationale qui coupe la ville en deux, les pistes deviennent sable. Le centre abrite une station de minibus, quelques supermarchés et de nombreux China-shop. Les restaurants portent souvent des noms cocasses similaires à celui du fameux poulet frit venus du Kentucky. Le samedi matin les coins d’ombre des ruelles sont occupés par des fermiers venus vendre leurs légumes. Bien que les gelées taridives ait cette année détruite une bonne partie des cultures de clémentines, les bottes de betteraves et de verdure demeurent. La station ferroviaire est déserte. Comme dans de trop nombreux pays africains, une dose d’indifférence ajoutée à une once de manque d’entretien et des trajets interminables ont eu raison des trains. Ces derniers ont cessé de circuler le jour où les routes modernes sont sorties de terre. La population de Mahalapye est variée et les migrants arrivés par vague en fonction des aléas de l’Histoire sont nombreux. Les Hereros, membres d’une tribu namibienne ayant fui les atrocités commises par le gouvernement colonial allemand, sont aujourd'hui parfaitement intégrés. 2010_08_06_3920Les années ont passé et les traditions demeurent, alors, dans le quartier nommé de Herero way, les femmes portent toujours des robes bouffantes et des couvre-chefs en forme de bicorne qui leur donnent une stature sans égal… ainsi qu’un petit air de requin-marteau. La population blanche sait rester discrète, les quelques familles vivant encore dans les environs ne sortent que rarement des fermes reculées. Comme partout dans le pays les Zimbabwéens sont nombreux, « bien trop nombreux ! » pour certains. Illégaux ou pas, ils sont accusés de tous les maux qui touchent la société botswanaise habituée à une vie sans encombres faite de paix et de respect mutuel. Les différentes rivières des environs sont sèches, seules quelques marres boueuses encerclées de traces de sabots laissent deviner un ancien abreuvoir pour animaux laissés en pâturage libre. Seule la région méridionale du Delta a eu la chance d’être arrosée par les trop-pleins venus de l’Angola voisine, alors ici la saison des pluies se fait attendre. Les charriots tirés par des ânes sont les moyens de locomotion de prédilection, ils s’aventurent, chargés de bois ou de bidons d’eau là où les autres véhicules ne peuvent s’avancer. Aux heures de sortie des écoles, le village sort soudainement de sa torpeur et les rues sont envahies d’enfants en tenues bleues ou vertes. Mahalapye n’a pas grand intérêt, écrasée par le soleil et la chaleur ambiante, la vie suit lentement son cours.

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Francistown, la seconde plus grande ville du pays, est aujourd’hui ralliée à Mahalapye par une route bitumée. La piste faite de sable qui liait auparavant les deux localités demeure, toujours aussi cabossée, elle est aujourd’hui réservée aux charriots tirés par des ânes. Francistown porte le sobriquet de « ghetto » mais, elle ne ressemble en rien à un quartier populaire, bien au contraire. 2010_08_10_4032Moderne et grouillante, cette dernière est avant tout un centre administratif, un concentré de ministères et d’offices. Les habitants vivent au rythme des horaires de bureaux, les travailleurs en costume envahissent les rues tôt le matin pour ressortir en fin d’après midi. Les odeurs de parfum ont alors disparu et les coupes de cheveux sont légèrement défraichies. Les centres commerciaux sont partout. Ces grands buildings aux sols recouverts de jolis carreaux abritant des enseignes élégantes côtoient les galeries marchandes où se concentrent habits et babioles de maigre qualité. Le commerce est une activité vitale pour la ville et les mouvements transfrontaliers sont importants, les marchandises y circulent de manière incessantes. Les quartiers résidentiels s’étendent au-delà du centre et les taxis bondés se faufilent dans les rues encombrées en fin d’après-midi. Le grand cimetière est désert, le lieu parsemé de sépultures abandonnées à elles-mêmes est laissé sans attention. Les passants contournent le lieu, ils ne circulent jamais entre les tombes. Très conservateurs, les Botswanais ne parlent que rarement de mort et les cimetières demeurent des zones laissées au seul contrôle des défunts. Francistown, comme de nombreuses localités du pays est en pleine expansion ; la grande mine d’or située en périphérie est aujourd’hui entourée d’un aéroport et d’un stade tous deux flambants neufs. Et puis le bush reprend le dessus.

2010_08_14_4246 La route qui se poursuit vers le Nord bifurque à Nata, une petite ville faisant office de carrefour. Nata est comparable à un village calme de la côte mozambicaine. Les pas s’enfoncent dans les ruelles ensablées et bordées de palmiers. Ici, ce ne sont pas des noix de coco que les gamins tentent de décrocher à grands coups de cailloux mais des oranges recouvertes d’une épaisse peau marronâtre que les dents peinent à transpercer. Le dimanche des jeunes hommes vêtus de tee-shirt à l’effigie d’Hailé Sélassié se retrouvent dans la cour d’une maison entourée de grands arbres parfaitement taillés. Visages rayonnants et transpirant de bonheur, les uns boivent de la bière et les autres fument de l’herbe en répétant les paroles d’une chanson de Bob Marley. Le passant est toujours le bienvenu. Les supermarchés ont disparu, la localité très rurale abrite peu de commerces, une petite épicerie, quelques bars et des vendeurs de légumes installés dans des baraques faites de bric et de broc. Ici les touristes ne font que passer, un grand sanctuaire ornithologique attire quelques curieux venus passer la nuit avant de reprendre la route vers les parcs nationaux. Les locaux sont bien plus nombreux que les visiteurs à venir profiter d’une bière et d’un pique-nique pour le coucher du soleil sur ce lac sans fin où piaillent des flamands roses.

2010_08_15_4308 Tout comme l’eau, les animaux ont quitté la région ne laissant ainsi qu’une étendue de néant au-delà de laquelle disparait un soleil rayonnant. La route entre Nata et Maun est bloquée par un épais cordon sanitaire. La peur des épidémies trop souvent transmises par les animaux sauvages a placé cet axe sous haute surveillance. Au-delà de cette frontière virtuelle, les animaux domestiques ont disparu, le territoire des bêtes sauvages a repris le dessus. En cette saison les feux de savanes sont une menace permanente. Quand un brasier caresse la route, les animaux n’ont d’autre choix que celui de traverser le bitume en quête de broussaille fraîche. Mais quand les deux côtés sont en feu, la situation est un peu différente. Alors que les autruches et les antilopes s’éloignent au passage d’un véhicule, les ânes, têtus comme le confirme le dicton, demeurent postés au milieu du tarmac. Un léger choc du pare-choc dans l’arrière-train semble être la seule solution pour éloigner l’animal figé. Ce paysage sec prend fin quelques kilomètres avant Maun, localité prise en étau entre un désert aride et un Delta luxuriant. Les cours d’eau gonflent peu à peu et les bourgeons refont surface sur les branches sèches. Les corbeaux et les vautours ont laissé la place à de petits oiseaux dont les plumages étincelants se mêlent aux couleurs chatoyantes d’une région à présent constamment arrosée par les flots d’une veine éternelle : l’Okavango.

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